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All inclusive!  -  par JulienConstant

All inclusive!

Réponse à Philomène Blanchart (son message dans le courrier des lecteurs de La Décroissance figure ci-dessous)

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L'impossible inclusivité  


Lettre ouverte à ceux qui accusent La Décroissance et ses lecteurs d'être violents, homophobes, racistes, Amish, etc.


Chère P., chers lecteurs,

L'aviez-vous remarqué ? L'écriture de la confusion transhumaniste genre/sexe, dite inclusive, n'est que l'exception qui confirme la règle que j'ai enseignée pendant 36000 heures. On remarque bien un saupoudrage multiforme de cette posture soi-disant égalitariste, quelques poussées de fièvre de temps à autre, mais à part quelques excentricités, cettemode ne prend pas, tout bêtement parce qu'elle est inapplicable.

La Décroissance publie aussi les messages de ses détracteurs, de ceux qui renoncent à lire ce journal. Peut-on en dire autant de la presse à pub ? (par exemple La Voix du Nord n'a jamais publié mes réactions). Ainsi donc Madame, je prends connaissance de votre message et je reçois votre colère en pleine figure car, lecteur assidu depuis 2014, je me sens visé par votre message. (N°173 octobre 2020 - courrier des lecteurs).

Votre colère est compréhensible

Toucher à la langue, c'est toucher à notre moi, notre personne intime. Ce sujet a toujours suscité  des réactions provoquées par l'émotion, y compris chez moi. Cela posé, vous tombez dans le travers dont vous accusez Vincent Cheynet ("violent, excluant, homophobe"), ce à quoi il est habitué, et débordez même jusqu'au mépris ("Eduquez-vous bordel !" 'Instruisez-vous' eut d'ailleurs été peut-être plus approprié.) Hélas, vous ne citez pas les propos qui vous choquent et une relecture de l'article incriminé ne m'éclaire pas. Je n'y vois nulle insulte, nul viol ; bien au contraire, j'y reconnais ma joie de vivre, l'amour, le respect, l'absence de complaisance et de naïveté. Comment être tendre avec des gens qui mentent effrontément, bétonnent, électrisent, et continuent benoîtement la destruction de la planète ? S'occuper des vélos (je suis cycliste) n'autorise pas tout.

Ah si, [...] qui transforme notre langue en sabir technique pour manuel politiquement correct à l'usage des refoulés de la quéquette. [...] Voilà peut-être l'objet du délit. Les "anti-tech", (remarquez que je me sers assez bien d'un ordinateur) seraient des masculinistes. Mais l'outrance de vos propos est sans commune mesure avec cette remarque agacée que je trouve très juste, si toutefois, c'est ça qui vous fâche à ce point. 

Cela dit les ennemis du monde-machine en prennent plein la figure au propre comme au figuré depuis toujours, et ça n'est pas près de s'arrêter.

Notre esprit est bel et bien une Zone À Défendre. 

Après trente-six-mille heures d'enseignement et environ six-mille élèves, je reste sidéré que même des collègues puissent adhérer à cette chimère (l'inclusivisme, en tout). La langue est vivante comme ils disent, et justement, on ne la bricole pas si facilement, elle ne se laisse pas faire n'importe quoi ; on n'a jamais fini de l'apprendre, de jouir de ses richesses et de ses subtilités. Alors, après avoir voulu simplifier, en vain, l'orthographe (une autre chimère) que la mémoire humaine est parfaitement capable de maîtriser, (cessons de nous sous-estimer), il faudrait pratiquer une écriture inclusive ? 
Inclusive : encore un anglicisme de la novlangue croissanciste anglo-américaine ; inclusif existait certes déjà dans la métalangue de la grammaire, mais il s'opposait à exclusif. Pour n'en citer que trois, lisons le non-violent et savoureusement facile à lire livre de Bernard Cerquiglini, LE LA Ministre est enceinte.  Lisons Alain Borer, De quel amour blessée,  Lisons Contre la Pensée Unique Claude Hagège.

L'aviez-vous remarqué ? Les meilleurs avocats de l'anti-inclusivisme sont ses adeptes.

Je n'ai jamais été Charlie, et on me l'a reproché ; mais je suis abonné à Charlie Hebdo. On ne m'en a pas félicité.
Je ne suis pas un décroissant (j'achète encore des choses sur Amazon), mais je suis abonné à ce journal qui me déconditionne, me déconfine, décolonise mon esprit, et me fait adopter des comportements qui agacent ou amusent mon entourage, comme quand ils constatent que je n'ai pas de Linky. C'est de ma liberté qu'il s'agit. Plagiant le groupe Pièces et Main-d'OEuvre (piecesetmaindoeuvre.com), je me sens regardé comme un Chimpanzé du présent. (cf. mon site où je cite les écrits des inclusivistes, qui démontrent eux-mêmes qu'ils ne parviennent pas à écrire inclusivement, tout comme vous chère P. !)


 Voilà qui règle la question : les inclusivistes eux-mêmes se trahissent à leur insu.

Je cite P., lectrice de LA décroissance: "[...] c'est néanmoins à l'adoption d'une règle municipale que vous choisissez de vous attaquer. Dans une ville où l'on crève d'asthme et de chaleur, drôle de choix editorial. [...]  Il est vrai que votre choix, Monsieur, manquait au débat public en la matière. "[...]
Non P., contrairement à ce que vous avancez, la voix de La Décroissance ne manquait nullement au débat public en la matière, avec des allusions fréquentes et au moins un article : N° 147 – mars 2018 - Un monde de fakes ! Page 6 : Saloperie : L’écriture inclusive, par Raoul Anvélaut. 

Vous écrivez "marches des fiertéEs" pour  joindre le geste à la parole, affichage de votre féminimanie, mais voyez-vous même, je vous cite, et appliquant VOTRE "règle, je vous corrige en majuscules :


"[...] celle des Breton-NE-S, des Corses, des basques, des Normand-E-S, des Limousin-E-S, puis des Indien-NE-S, des Berbères, des Italien-NE-S, des Polonais-E-S[...]
  [...] nous sommes  parmi vous toujours en danger, toléré-E-S à condition d'être discre-È-T-E-S, invisibles, caché-E-s, fin-E-S, réduit-E-S à presque rien  [...]

Vous verrez ici que d'autres défenseurs de l'inclusivité orthographique se décrédibilisent de la même façon. C'est normal : ils expérimentent à leur insu, l'impossibilité de l'écriture inclusive. Là, il ne s'agit pas ici de théorie, nous sommes bien dans le concret de la langue en discours comme dit Gustave Guillaume, n'est-ce pas ?

J'ajoute donc votre contribution aux arguments des anti-inclusions et vous en remercie. Elle figure maintenant dans mon florilège vivant des perles inclusives.

Et je note tout de même l'exagération hyperbolique de vos propos, qui ont surpris les femmes de mon entourage, et aussi la violence de vos injonctions, expressions de votre forte implication dans ce débat, certes louable, -tant de gens se laissent faire paresseusement- mais aussi réfutation involontaire de votre appel à la tendresse, à la douceur, à l'intelligence et à l'amour. Suivre les modes libertaires, voilà 

Car j'ai beau relire le texte de Vincent Cheynet, j'y vois des faits, étayés par leurs sources, comme le veut le journalisme authentique, et je ne trouve ni violence verbale, ni insultes...   Ou alors serait-ce ceci ?  [...] cette horrible règle syntaxique qui transforme notre belle langue en sabir technique pour manuel politiquement correct de refoulés de la quéquette."  [...]   La confusion sexe-genre a en effet de quoi agacer. J'ai passé ma vie professionnelle et je continue bénévolement à enseigner le français à des gens qui n'ont vraiment pas besoin de cette couche supplémentaire de complexité. Le genre est une notion grammaticale, le sexe c'est biologique,  ou machinologique si vous tenez vraiment à l'industrialiser.  Les horreurs "masculiniques" du passé, loin d'avoir disparu de la planète ne seront à l'évidence éradiquées par aucune manipulation linguistique. Mais j'ai bien compris : il ne s'agit pour vous, et vos homologues que de saupoudrer votre langage de manifestations de soutien à la cause féministe : afficher votre colère, ou votre obédience.

Observons que tout est inclusif dans les discours de nos "élites".

Oui l'inclusivité est précisément l'amie du productivisme qui domine partout sur la planète, ou l'exclusion règne en maître. je le sais, je l'ai vécu et je le vis encore (bénévolement).
  Ecole inclusive, éducation inclusive, société inclusive, publicité inclusive, entreprise inclusive, personne inclusive, politique inclusive, mobilité inclusive...   Tout y passe. Tout ce qui peut se vendre : c'est du "tout compris" : all inclusive!

 Mais ce journal a réussi en peu de temps à porter la question des limites sur la place publique comme cela n'avait jamais encore été fait en diffusant le mot décroissance. Et les centaines de contributeurs qu'on y découvre sont loin d'être tous invités sur les plateaux de télévision... Mais tous nous démontrent que rien n'échappe au totalitarisme de notre temps, pas même l'orthographe. 

La querelle du sexe et du genre dure depuis des siècles. La féminisation des noms de métier s'intègre enfin, il était temps, rapidement au français, alors que l'écriture inclusive, dont les marques multiformes et changeantes ne semblent pas pouvoir se stabiliser, défraie régulièrement la chronique, effraie les gens dont beaucoup se sentent obligés de tenter de s'y conformer par peur d'être montrés de votre doigt vindicatif, et pour finir vous fait pousser des cris d'orfraie.

    Plus la société s'émiette, s'atomise, se communautarise, se "séparatise" sous les coups inlassables de nos élites starteupeuses, plus "l'éthique" de l'inclusion tente de masquer les exclusions dont les victimes ne se raréfient pas bien au contraire, cela ne vous saute-t-il pas aux yeux ?
 Ces "inclusions" ne masquent-elles pas aussi la réclusion technico-numérique, le confinement devant les écrans auxquels nous nous laissons condamner ? Vous écrivez notamment: "[...] votre langue me blesse, me nie, me viole." Diable ! Vous ne devez pas lire grand-chose alors ! Les romans que je lis, les ouvrages didactiques, la presse, tout doit vous brûler les yeux. Je compatis.
Et la violence ne se manifeste-t-elle pas aussi ailleurs que dans la langue ? Et ne sont-ce que des haillons qui tombent par milliers  dans la mer de la poupe des esquifs qui fuient toutes les violences physiques ? 


   Si, Philomène, l'écriture inclusive fait beaucoup de mal à beaucoup de monde, elle contribue à affaiblir et à dévaloriser l'apprentissage du français, déjà si mal en point ; elle est l'un des outils de la propagande qui fait de nous des zombisounours, et  elle présente aussi l'avantage, pour nos élites-médiatico-politiques de nous di-vertir. Pendant qu'on s'écharpe sur le sujet, et alors que la tenue du crayon est, elle aussi, remise en cause (on peut le tenir n'importe comment…et c'est bien triste de voir tous ces gamins qui tiennent ça comme un burin.)  les tenants de la suppression  de l'apprentissage de l'écriture tout court œuvrent…
 

Et je me demande dans quel camp sont tous ces gens qui affichent ce désir d'affichage omniprésent du féminin alors qu'ils sont incapables, comme vous, d'y parvenir.
Parce c'est linguistiquement impossible comme vous le démontrez brillamment. Sinon vous le faites exprès et donc, vous trahissez votre "cause"... 

Publié le 09/10/2020 11:43   | |    |


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