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Le progrès m'a tué.  -  par JulienConstant

Le Progrès m'a tué 


Excellent ouvrage. Tellement excellent et utile qu'il est souvent cité.

Mais ainsi, sa diffusion participe à la destruction des temps et modes grammaticaux, tellement patente, notamment sur la toile. Or manifestement,  il s'agit là pour ce livre d'un clin d'œil, d'un second degré (quoique singulièrement éculé depuis). Or depuis 1991, qui se souvient encore de cette phrase accusatrice « Omar m'a tuer », écrite en lettres de sang sur une porte par une personne peu lettrée ?... Mais seuls les initiés savent. Quant aux autres qui écrivent "j'ai manger", ils ne voient qu'un emploi, normal à leurs yeux, de l'infinitif, si toutefois ils avent encore ce qu'est un infinitif, ou un verbe... Et ne connaissant pas la différence de sens entre joué, jouer, jouait et jouez, ils emploient indifféremment l'un pour l'autre, affaiblissant la fonction essentielle de langue : communiquer une pensée précise.

A un ami musicien qui, dans son affiche de concert, écrivait : "Ça dénote !" j'ai expliqué qu'il aurait dû écrire "ça détonne". Il m'a répondu qu'il s'agissait d'un jeu de mots au second degré.  Que nenni ; il ne faisait que répéter involontairement cette erreur courante dans les médias, et abondamment commise partout en 2020.


Mais un jeu de mots ne fonctionne que s'il est perçu. Or une faute banale n'est jamais perçue comme un jeu de mots. ce sont plutôt les jeux de mots qui commencent à être perçus comme des fautes, si toutefois, quelqu'un s'étonne de quelque chose...Si l'artiste avait signalé son "jeu de mots" dans son texte, alors on aurait pu en effet parler de jeu de mots. 
 

Exemples :   le style original de ce concert détonne dans le suivisme ambiant, et les surprises du spectacle détonent comme des pétards. De plus, voici une partition à la portée de tous, et elle dénote vraiment une jolie créativité.

Le second degré témoigne et participe de la banalisation du poison, de la même soumission que le premier. Une arme est une arme. C'est précisément cela qui fait la force du totalitarisme linguistique : ses victimes en sont aussi les soldats et les hérauts.

Et ainsi en va-t-il de "... m'a tuer",  formule qui effectivement a tué le passé composé. Le rabâchage, en effet, qu'il soit scolaire ou médiatique (ce dernier disposant de moyens que l'école n'a jamais eus) est un procédé mnémotechnique éprouvé ; ajoutez l'écho démultiplié des reprises et autres citations, et en peu de temps, l'expression se verrouille dans la langue.  Oui la langue est bien vivante, et elle attrape de vilaines maladies.

Publié le 18/06/2020 20:32   | |    |


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